Lettre d’information n°9 – juin 2014

  MT Énergéthiquement vôtre

     Comme vous le lirez brièvement ci-dessous, nous poursuivons l’organisation du voyage dans le sud de l’Allemagne avec ceux qui ont pris rang dans la liste de pré-réservation. Mais tous ceux qui ne pourront y participer vont avoir néanmoins la possibilité d’en profiter aussi, par les récits et comptes rendus que nous en ferons, et, auparavant, par les questions et thématiques qu’ils pourront nous soumettre, sur lesquelles nous interrogerons ceux qui vont nous recevoir. Un espace sera ouvert sur le site www.territoires-energethiques.fr à cette fin d’ici la fin du mois de juillet.  

Très bonne lecture

Energitorial

À force de transitionner en rond, gare à l’indigestion et aux problèmes de transits… intestins.

    Ça y est ! Nous l’avons, ce projet de loi « de programmation de la transition énergétique », copieux et laborieux « appel du 18 juin ». Nous l’avons lu, sans en éplucher tous les détails, notamment pas l’abondante rédaction technique des articles de loi modificatifs. La presse s’en est déjà largement fait l’écho, et vous n’avez pas manqué de rapports prédigérés. C’est le cadre qui, une fois voté et les décrets d’application publiés (quand ?), sera opposable à tout projet énergétique dans notre pays.
Nous n’en attendions pas grand-chose de bon, nous ne sommes donc pas déçus, mais nous voulons relever quelques points, en plus et en moins.

    Des objectifs sont donnés, ou tout au moins rappelés, a minima, quoique certains semblent difficiles à atteindre :

  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, sans année de référence.
  • Diviser par 2 la consommation énergie en 2050 par rapport à 2012, avec rappel de l’objectif européen de -20% par rapport à 1990,  mais sans mention des -23% fanfaronnés précédemment.
  • Ramener la part du nucléaire à 50% dans la production électrique en 2025, mais ceci pourrait se faire par augmentation de la production électrique (et donc de la consommation), la puissance nucléaire restant plafonnée à son niveau actuel (63,2 GW, incluant l’EPR de Flamanville et un peu plus). L’augmentation de la consommation électrique correspondrait notamment au transfert vers des véhicules électriques, fortement favorisé dans la loi.
  • Atteindre une part de 32% d’énergies renouvelables en 2030 (38% de la chaleur, 15% des carburants, 40% de l’électricité)
  • Passer d’ici 2017 à un rythme de 500 000 rénovations de logements par an.

    Il y a beaucoup de bonnes intentions et d’éléments de langage en faveur du développement local et de la participation des citoyens, mais peu de mesures concrètes en ce sens, à part la multiplication des instances de blabla. Notamment, on ne trouve rien qui simplifierait le montage de projets intégralement locaux et « citoyens » : les monteurs de projets seront obligés d’en proposer une partie aux populations locales (art 27), ce qui n’est pas du tout la même chose.

    La partie 3 (agir ensemble, simplifier, réguler), son premier titre (VII : raccourcir les délais) et son chapitre 2 (simplifier les procédures) mettent l’eau à la bouche, mais on s’aperçoit qu’il ne s’agit à peu près que des énergies marines, que la loi se propose de pouvoir faire passer « en force ». Adieu veau, vache, cochon, couvée…

    Et pour être bien sûr que rien ne change vraiment, le chapitre 2 du titre VIII (intitulé pompeusement : « donner aux citoyens, aux collectivités et à l’état le pouvoir d’agir ensemble ») met les points sur les i : « L’article 56 renforce les instruments de pilotage du mix électrique dont dispose l’État », après tout un tas de dispositions « organisant » le blabla en bas, phase ô combien périlleuse, comme l’a montré le débat public du projet CIGEO (le dépôt des déchets nucléaires à Bures). Il n’y a pas véritablement de place pour des initiatives locales originales, sauf quelques ouvertures à examiner de près vers des expérimentations très très encadrées (art 61 et 62 : boucles locales et déploiement de réseaux intelligents sur une zone géographique.) et le développement de territoires à énergie positive (art 59), avec obligation du PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial : le plus sûr moyen de commencer par ne rien faire). Il ne faudrait surtout pas que cela puisse faire tache d’huile.

    Nous ne donnons ici que quelques coups de projecteur très ciblés, avec, pour finir, trois remarques :

  • La première sur les territoires à énergie positive : c’est une chose de produire plus d’énergie qu’on en consomme, ce qui est déjà les cas de nombreux territoires, en global, et une autre de ne consommer principalement voire exclusivement que l’énergie que l’on produit, énergie par énergie. Question de définition et d’objectif qui mériterait une sérieuse clarification.
  • La deuxième remarque porte sur le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Si ces derniers sont sans doute un facteur important du premier, ils sont loin d’être le seul. Toutes les pertes des processus énergétiques se traduisent généralement en production de chaleur. Dans certains cas, cette chaleur est utilisée plus ou moins largement : c’est ce qu’on appelle la cogénération, utilisation de cette chaleur pour des applications nécessitant du chauffage (processus industriels ou agricoles, logements etc.) Dans les autres cas, la chaleur est « évacuée », dissipée dans l’environnement, contribuant purement et simplement au réchauffement climatique, sans aucun effet bénéfique, au contraire. C’est ce qui se passe avec le parc de centrales nucléaires français, qui est le premier facteur de réchauffement climatique en France, avec quelque 800 TWh de chaleur dissipés chaque année dans nos rivières, les eaux littorales et dans l’atmosphère par les tours de refroidissement, soit l’énergie de combustion d’environ 80 millions de tonnes de pétrole (donc plus que ce qui est importé chaque année par la France : autour de 60 millions de tonnes.) C’est également l’équivalent du dégagement énergétique annuel par forçage radiatif (effet de serre) de 100 millions de tonnes de CO2, sachant que la France émet annuellement environ 500 Mt eq CO2. Cet aspect est donc loin d’être anodin dans le processus de réchauffement du climat. Les centrales nucléaires certes ne produisent pas de GES, mais de là à les mettre sur un pied d’égalité avec les énergies renouvelables éolienne et photovoltaïque du point de vue du réchauffement, nous sommes carrément dans l’escroquerie, reprise en chœur par toute la classe dirigeante, politique économique et administrative, par les grands médias payés pour et par nombre d’associations « agréées » par le système et qui en profitent. L’éolien et le PV ne sont, en exploitation, à l’origine d’aucun réchauffement, alors que le nucléaire produit deux fois plus de chaleur inutilisée que d’électricité.
  • La troisième remarque concerne l’indépendance énergétique de la France, qui figure dans les motifs de la loi et sert à justifier un mix nucléaire/renouvelables. Comme pour le point précédent, il y a un consensus scandaleux de la classe dirigeante et de ses courroies de transmission sur l’escroquerie de prétendre que le nucléaire est le garant de notre indépendance énergétique : nous importons aujourd’hui 10 000 t d’uranium naturel par an, soit 100% de notre besoin. L’alimentation des réacteurs est à 25% assuré par du combustible retraité, mais les importations, contrairement à ce qui est affirmé sur le site AREVA, ne viennent pas des pays de l’OCDE, mais principalement de pays à risque géostratégique : le Niger et le Kazakhstan. Les prix sont à la hausse, même si aujourd’hui, le coût n’est que de 1 Mrd€/an, en hausse, à comparer aux 70 Mrd€ que nous coûtent chaque année les importations énergétiques, et il est clair que l’incertitude géostratégique et la montée de la concurrence mondiale ne feront qu’accentuer la pression sur les prix. Vous avez dit « indépendance » ?

    Nous avions déjà plusieurs fois donné ces informations, mais un rappel structuré est toujours utile.

    Eh bien, bonne transition donc… La loi ne devrait venir au parlement que dans un an… Nous avons donc le temps de l’oublier.

    Ce qui fait consensus aujourd’hui, c’est la nécessité de réduire nos consommations d’énergie : au travail ! Il faut y croire, sinon jamais aucun résultat notable ne sera obtenu..

L’énergie juste !

Sommaire

1.    Les projets de nos territoires

Les maisons à chauffage solaire intégral : Elles sont hors d’air ou presque.
Une installation de séchage de foin dans le Lot

2.    La transition en France et dans le monde

Delendum est RTBA : ils me poursuivent !
Le boom du commerce mondial du bois énergie

3.    Chroniques de la transition heureuse

Nous préparons le voyage chez les « Stromrebellen »

4.    A vous de jouer !

Gare à la rénovation énergétique !

1.    Les projets de nos territoires

baie coulissante
Une superbe baie coulissante : comment va-t-elle vieillir ?

assemblage
Des assemblages et des collages délicats…

  Sonnenhaus  Les maisons à chauffage solaire intégral : elles sont hors d’air ou presque.

     L’enveloppe du premier ensemble de trois maisons est en cours de fermeture, avec la pose des menuiseries et vitrages (double au sud, triple au nord) et de la membrane d’étanchéité en toiture. L’isolation de toiture (ouate de cellulose) sera bientôt injectée, mais surtout l’épreuve de vérité du premier test « blowing door » se profile à l’horizon. Elle sera sans pitié pour tous les à peu près de la construction. Rappelons que les exigences de ce bâti sont plus fortes que celles de la RT 2012, puisqu’on devrait se situer à un niveau de besoin inférieur à 30 kWh/m²/an.

    On peut, au-delà de la performance initiale, se poser la question de la tenue dans le temps : comment vont évoluer ces magnifiques baies en PVC ? Comment vont tenir des assemblages déjà difficiles à ajuster et des collages de membranes ?

chargement
Les round balls sont déchargés sous le hangar

roundballs
et placés sur des supports

chaudières
et les deux chaudières vont cracher leur chaleur

 séchoir   Une installation de séchage de foin dans le Lot

    Nous avons fini les plantations. Une partie avait été faite en février, les essences dures (sycomore, aulne cordé, robiniers), sur les parcelles de la protection de captage, en terre non retournée. Il restait beaucoup de choses : les essences blanches (aulne glutineux et saule blanc), et tous les travaux sur les terres travaillées par labour. Deux machines sont intervenues pour les plantations sur ces parcelles, l’une pour les boutures de saule, l’autre pour les plantations racines nues. Le reste a été fait à la main. Un gros travail, qui ne sera vraiment finalisé que quand tous ces arbrisseaux émergeront  au-dessus de la végétation concurrente. On va les y aider, par de délicates opérations de nettoyage autour des plants. Il restera encore une dizaine d’hectares à planter, à la prochaine saison.

2.    La transition en France et dans le monde


De nouveaux ennemis de la France au Maghreb, ou une nouvelle stratégie des bandes islamistes ?

éoliennes Maroc1
Elles sont arrivées comme ça, par paquets, comme à dos de chameaux…

Maroc
Drapeau au vent : l’intention politique est claire. Il s’agit de mettre en échec la géniale stratégie de notre valeureuse armée de l’air !

éoliennes Maroc2
Et déjà les hordes de monstres tournoyants dévalent du nord ouest de l’Afrique, ici à Tarfaya.Qu’allons-nous devenir, si même nous ne pouvons plus Rafaler en rond ? Allons-nous devoir sacrifier nos beaux joujoux ? Heureusement, chef, il nous reste le nucléaire !

(tiré des aventures du CEMA fort en Afrique)

Delendum est RTBA : ils me poursuivent !

    Dans une campagne contre, il faut avoir du souffle, comme dans l’histoire des trompettes de Jéricho : elles ont dû faire sept fois le tour avant que les murs ne s’effondrent. En fait, le tumulte des trompettes avait couvert le bruit des sapeurs qui, en douce, minaient la muraille de la ville. Je dois avouer que ma maigre bombarde, malgré sa tonitruance aigrelette, rencontre peu d’écho, mais de toutes façons, point de sapeur non plus à l’œuvre ni à l’horizon. Dans cette cause comme dans bien d’autres, c’est l’apathie qui règne face à la mâle détermination des militaires aux ordres. D’ailleurs, mon Chef d’État-Major des Armées ne mâche pas ses mots : même en dehors de la LF-R 57, la zone qui couvre intégralement ou presque la communauté de communes du Mené (et une des parties les plus ventées de Bretagne), « les servitudes de la Défense autres qu’aéronautiques » sont à respecter, et bien susceptibles, elles aussi, de limiter l’implantation des éoliennes. On leur fait confiance : s’ils ont la moindre possibilité d’entraver le développement de l’éolien terrestre, ils ne s’en privent pas !

    Pas de chance : sur quatre territoires où je suis intervenu, en Ille et Vilaine, en Vendée, en Lot et Garonne et dans les Landes, ils étaient là, rendant carrément impossible tout projet, parce que ces contrées sont moins ventées que le centre Bretagne, et qu’il faut y chercher le vent assez haut. Passer de 60 à 120 m de hauteur de mât permet de gagner de 0,5 à 1 m/s de vitesse de vent, selon l’occupation du sol : c’est considérable pour des projets dans des zones où les vents moyens sont autour de 5 à 6 m/s.

    Pour une fois, ne pourrait-on (ne pourraient-ils pas) pas faire preuve d’imagination : au lieu de vouloir à tout prix s’entraîner dans des zones où on pourrait utiliser autrement l’espace aérien, pourquoi ne vont-ils pas là où la situation est déjà bloquée par tout un empilement de lois et règlements, comme, par exemple, les zones côtières. L’hiver, c’est très bien : les touristes partis, il ne reste en maints endroits qu’une population résiduelle. Oui, je sais : je m’aperçois en l’écrivant que c’est un peu comme l’idée d’installer les centrales nucléaires à proximité des grandes villes pour en assurer le chauffage. Il y a comme ça des idées pas bêtes a priori qui décidément ont du mal à trouver un public.

    Mais, encore une fois, j’y reviens, que feront-ils quand les bandes islamistes se réfugieront dans des zones hérissées d’éoliennes, qui commencent à exister même en Afrique, au Maroc par exemple ? Non non, mon général, sauf votre respect, si cette Défense pouvait encore être défendable du temps de notre correspondance, il faudrait dire à vos successeurs que nous ne sommes plus non seulement en 1914, ni en 1944, mais pas même en 2004 : il serait peut-être temps de réviser les stratégies, sauf si, bien sûr, vous êtes là, comme au XVIIe siècle, du temps des bonnets rouges, pour faire régner l’ordre parisien en province.

    Nous voulons vous rassurer : notre démarche ne doit rien à Al Qaida et les éoliennes restent de bien inoffensifs moulins, même si beaucoup de Don Quichotte du XXIe siècle, en colère, se ruent sur elles pour les descendre. Elles n’ont pourtant fait aucun mort, ne participent pas au réchauffement climatique et font la prospérité de bien des contrées chez tous nos voisins. Enfin, elles apportent ce qui, normalement, devrait vous conquérir : la véritable indépendance énergétique. Sauf, bien sûr, si vos intentions, ou celles de vos mandants, ne sont pas aussi claires…

   

Wismar_Texas
Une usine à pellets en construction au Texas

Ressource Stock
La ressource environnante et le stock de bois brut, à transformer en sciure

Bateau
et les bateaux, qui transportent dix fois moins d’énergie qu’un pétrolier

  arbres  Le boom du commerce mondial du bois énergie

    Nous l’avons déjà évoqué à maintes reprises : le bois n’est pas une ressource de stock, comme le sable ou le pétrole, mais une ressource de flux. Ceci signifie qu’il n’est pas possible d’y puiser autant qu’on le souhaite à un moment donné, juste en augmentant les moyens d’extraction et de transport. La variabilité du débit est beaucoup plus réduite que celle d’une ressource de stock. Cette dernière commence à avoir des problèmes à l’approche de la fin du stock, dont nous nous approchons pour le pétrole, par exemple. Pour les ressources de flux, si vous tirez trop, vous faites disparaître la source, qui va mettre beaucoup de temps à s’en remettre. Ceci s’est déjà passé à plusieurs reprises pour le bois dans de très larges zones.

    Par ailleurs, le bois-énergie a une faible densité d’énergie : troisà cinq fois plus faible que le pétrole en masse (kwh/t), et dix à douze fois plus faible en volume (kWh/m3). Le coût de son transport, économique autant qu’écologique, deviendra vite prohibitif. Ceci n’empêche pas les installations énergétiques au bois de se développer un peu partout, sans vraiment prendre en compte cette problématique de la ressource. C’est le cas par exemple de la centrale de Gardanne qui va importer 400 000 t de plaquettes venant paraît-il du Gabon, par le port de Marseille, tout en prélevant un tonnage comparable d’une vaste zone sud-est, englobant notamment les Cévennes, à plus de 200 km. Nous ne reparlerons pas de la chaufferie du Blosne à Rennes, mais les pays d’Amérique du nord connaissent actuellement un vrai boom de leurs exportations de pellets (granulés de bois) vers l’Europe, notamment vers le Royaume Uni qui, par les effets d’une politique incitative, a doublé sont tonnage importé des USA, à 3,2 Mt, y compris, là aussi, pour faire tourner des centrales électriques délaissant le charbon (voir l’article de l’EIA, US Energy Information Agency, et diverses études de Greenpeace). Il faut dire que, dans un premier temps, nous assistons aujourd’hui, grâce au développement des moyens de communication et d’information numériques, au fort déclin du papier, qui met sur le marché de grosses ressources de bois de trituration en Amérique du nord.

    La croissance de ce marché, à la fois par la demande, stimulée par les règlementations « vertes » et par l’offre mondiale (Amérique du nord, mais aussi Sibérie, toute la ceinture équatoriale, et tout ce qui peut brûler) est très risquée. De concert avec le développement du marché du bois d’œuvre, elle aboutira à la fois à une dépendance accrue des consommateurs vis-à-vis d’une ressource lointaine et, in fine, à la disparition de gigantesques transformateurs de flux d’énergie, les grandes forêts primaires, pour ne pas parler des moindres, dont le sort est déjà scellé. Comme quoi, oui au verdissement, mais pas n’importe comment.

 débat  La transition énergétique : un combat de titans à l’échelle planétaire

    Ce mois de juin a donné lieu à une accumulation exceptionnelle d’évènements, de déclarations et de zigzags dans le domaine des énergies, et notamment des renouvelables. Le moindre est bien la présentation en France du projet de loi de transition énergétique, tant il n’est pas à la hauteur des enjeux et plein de la langue de bois de nos élites dirigeantes qui n’ont que le seul objectif de maintenir à tout prix le statut quo du nucléaire et des mammouths français de l’énergie. A côté de cela, nous avons assisté aux épisodes suivants :

  •     La prise de conscience de l’extrême dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz russe (40% des approvisionnements) va « libérer » l’exploitation des gaz de schiste, en Allemagne d’abord (après l’Angleterre, un peu marginale), en attendant les autres pays potentiellement « riches » de cette ressource, dont la France. Parallèlement, des obstacles « administratifs » ont été élevés contre le projet de gazoduc South Stream, destiné à acheminer le gaz russe en évitant l’Ukraine. Il est amusant de remarquer que ce projet était vigoureusement défendu par l’Allemagne, qui a torpillé un projet concurrent, Nabucco, destiné à acheminer le gaz du Moyen-Orient.
  •     La guerre entre l’Asie, et plus particulièrement la Chine, et les pays occidentaux sur le photovoltaïque : Nous élevons des barrières douanières, « tarifaires », comme on dit en langue de bois. Comme nous l’avons déjà indiqué, la partie se joue dans les GW ou les dizaines de GW. Les asiatiques disposent d’outils de production représentant plus de 1 GW/an unitairement. Seuls les USA sont encore dans cette course, et Elon Musk, le talentueux promoteur des voitures électriques Tesla annonce un investissement à cette hauteur aux USA. Les Européens sont hors course (la France arrive péniblement à 300 MW en plusieurs unités). Ils n’arrivent pas à monter des projets à cette hauteur, après notamment le retrait des deux industriels majeurs que sont Bosch et Siemens. Alors, ils jouent les supplétifs, aux ordres du grand frère américain, et pour son seul profit. Résultat : nous disposons de panneaux sensiblement plus chers que le reste du monde, ce qui freine notablement le développement du PV, sans espoir d’en avoir un jour des retombées économiques, puisque nous ne sommes pas capables d’investir au bon niveau.
  •     Les premières livraisons en Europe de pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta et de pétrole extrait par les Russes de l’océan glacial arctique : Quels magnifiques progrès de la technologie !
  •     Mais en parallèle, les énergies renouvelables qui sont la première source de production électrique en Europe, avec des performances remarquables, en Allemagne (pointe à 74% pour éolien et PV, ce dernier à 50%) et en Irlande (plus de 50% d’éolien). C’est très encourageant, même si l’Allemagne « renouvelable » se réveille un peu avec la gueule de bois, à la suite de la révision de la loi sur les énergies renouvelables (EEG).
  •     Par ailleurs, beaucoup d’interrogations sur l’avenir des énergies « traditionnelles », notamment le charbon, avec les efforts énormes développés par la Chine pour essayer d’en sortir, tant les dégâts sanitaires et environnementaux sont lourds. Ceci remet en cause de très gros projets d’extraction en Australie. De même, les milieux financiers s’inquiètent de l’avenir des entreprises de production et de transport d’électricité, face à la montée inexorable, dans de très nombreux pays, des systèmes locaux voire individuels : ils n’ont pas hésité à dégrader leur notation. Le nucléaire n’y échappe pas, dans un contexte de renchérissement des projets tout au long de leur vie. Les Anglais, aux prises avec des démantèlements de grande ampleur qui ne cessent de dépasser tous les délais et les budgets, commencent à se poser beaucoup de question.

    Ceci n’est qu’un rapide aperçu, montrant l’extrême complexité de cette problématique énergétique. Éparpiller les objectifs et les moyens est certainement un chemin sûr pour n’arriver nulle part…

3.    Chroniques de la transition heureuse

 Strorebellen1     Nous préparons le voyage chez les « Stromrebellen » 

BW 

      

4.    A vous de jouer !

 RGE  Gare à la rénovation énergétique !

     Nous renouvelons nos recommandations d’extrême prudence dans les démarches de rénovation, notamment énergétique, de l’habitat. C’est devenu une priorité nationale bénéficiant d’un large consensus ; des objectifs très ambitieux ont été fixés ; quelques moyens vont être mis en place : tous les ingrédients pour une explosion du marché, et, comme toujours, le fromage attire les mouches. Une intéressante étude de l’UFC – Que choisir met le doigt où ça fait mal, et les écueils sont nombreux. À la fois les facturations abusives (comme il y a des subventions et financements, pourquoi se priver ?), les propositions incomplètes, c’est-à-dire ne profitant pas de l’état de travaux pour engager des compléments très utiles, et surtout des travaux mal effectués et donc sans les résultats escomptés. Franchement, même le label « RGE » (Reconnu Garant de l’Environnement) ne sera pas une garantie, malgré ou à cause de son obligation. C’est en partie une arnaque pour les entreprises, qui doivent envoyer quelques personnes en formation assez succincte, et payer, pour obtenir le label. Par ailleurs, ce label porte sur des process et des matériaux standardisés et industriels, qui conviennent mal au bâti ancien et aux modes constructifs en usage avant la deuxième guerre mondiale. Un blog d’information et de discernement sur le RGE a été créé par deux réseaux de professionnels rebelles à cet embrigadement.

    Il n’y aura pas de recette miracle, mais, comme pour les vendeurs de photovoltaïque, il faut plus que jamais être prudent, ne pas s’engager à chaud, sur la base d’un échafaudage de promesses, mais au contraire susciter plusieurs offres, dont celles d’entreprises locales qui ont une réputation à défendre, et essayer de trouver des conseils indépendants, qui ne sont pas rémunérés par tel fournisseur ou au volume de travaux que l’on va faire chez vous : pas facile, mais indispensable !