Revue de presse n°39 – 2015 – semaine 2

L’actualité est repartie plein gaz, si j’ose dire. Nos amis australiens de RenewEconomy ont fini leur trève des fêtes, démarrant l’année avec un magnifique article de fond de Walt Patterson dont la portée dépasse le cadre de notre modeste RPB. Nous nous arrêtons longuement sur les biocarburants (que d’aucuns appellent agrocarburants), parce que trois articles méritaient une sérieuse mise en perspective.

Voilà une bonne question : Pour limiter le réchauffement à 2° C, combien de pétrole, gaz et charbon en moins ? (lien cliquable) Elle est à la une de toute la presse internationale, sur la base d’études scientifiques publiées dans la revue Nature. Mais comme d’habitude, ce qui est surtout intéressant, ce sont les réponses (ou les absences de réponse…) et les mesures concrètes pour faire ce qu’on dit.

Poison d’Avril : (lien cliquable) Le groupe Sofiproteol, création en 1983 d’organismes de l’interprofession des oléoprotéagineux, change de nom et de statuts. On se demande bien pour quel nouveau coup fourré. Cet empire sur lequel règne une discrète camarilla de gros malins, à la tête de laquelle figure le « ministre » occulte de l’agriculture, Xavier Beulin, à qui il a servi de marchepied, s’est prodigieusement développé en utilisant un mécanisme de copains et de coquins : les Contributions Volontaires Obligatoires (CVO : il n’y a qu’en France qu’on peut inventer un truc comme ça !) Cela lui a permis, aux frais des agriculteurs, partant des oléoprotéagineux, (lien cliquable) de profiter de la vague du biodiesel (marque Diester) et de construire un empire (un imbroglio de plus de 150 sociétés) qui englobe presque toutes les branches de l’activité agricole, jusqu’à la presse du même nom, puisqu’il a racheté un des derniers médias agricoles indépendants, le groupe France Agricole lui-même. Une des premières manifestations de cette prise de pouvoir a été la suppression du village des énergies à INNOVAGRI, haut-lieu du développement des énergies renouvelables, magistralement mené pendant des dizaines d’années par André Pieltain : Dis-moi qui te paye, je te chanterai ta chanson. C’est la règle universelle, à bien faire suivre dans ce cas-là à tous ceux qui n’ont pas encore vu.
Il y a donc un lien fort avec l’énergie, puisque le point de départ fut la production industrielle de EMHVP (Methyl Ester d’Huile Végétale Pure), produit qui s’avère un vrai désastre écologique : même l’UE a décidé d’en réduire à 7% le taux d’incorporation dans le gas-oil, au lieu des 10% et plus un temps imaginés. Mais l’avantage d’être « ministre », c’est qu’on peut passer outre les recommandations européennes (lien cliquable)(comme quoi, il y a des domaines où l' »indépendance » nationale sait jouer, quand il est question de sauvegarder les intérêts des petits copains). Mais il y a plus grave : (lien cliquable) on s’aperçoit maintenant que le biodiesel nuirait gravement au cycle de l’eau, c’est à dire à la constitution des nuages qui font ensuite la pluie, ce désagrément bien indispensable à la vie végétale, et donc à la vie tout court. Mais soyons sûrs que ceci va être soigneusement occulté pour ne pas nuire aux intérêts du « ministre » et de ses amis, quitte à faire passer les scientifiques pour des fous ou des faussaires, comme ce fut le cas du professeur Séralini pour les OGM. On n’oubliera pas non plus tous les efforts qui furent mis en oeuvre par les amis de Sofiprotéol pour torpiller définitivement la filière des Huiles Végétales Pures, qui sont un carburant diesel performant, mais sans les tripatouillages chimiques industriels qui permettent de faire marcher le petit commerce qui rapporte gros. Donc, vraiment pas poisson d’avril…

Les Allemands, décidément voisins bien « mauvais coucheurs », (lien cliquable) ont le mauvais goût de s’inquiéter de la sécurité des centrales nucléaires que « nous » avons posées au ras de leur frontière, à Fessenheim et Cattenom, centrales vieillissantes, et nos débats internes, comme nos histoires de drones, ne font rien pour les rassurer. Ils s’inquiètent aussi, sur le front est, des projets polonais, plutôt sur le mode « cheap ». Mais il n’est pas sûr que cher soit nécessairement mieux… Pour leur part, ce sera fini en 2022, comme le montre leur planification, respectée jusqu’à maintenant : Ach, ces Allemands ! Ils n’ont rien compris à la politique : ils font ce qu’ils disent !

Un état de notre indigence, mais qui montre quand même ce que nous pourrions faire si… (lien cliquable) Yves Heuillard (DD Magazine) met en ligne le bilan 2014 de l’éolien et du PV en France, établi par Bernard Chabot. C’est très détaillé. On y voit comme ces énergies renouvelables clé pour notre avenir énergétique sont méprisées en France, si on compare avec tous nos voisins (Portugal : 63% de l’électricité en 2014, en incluant l’hydraulique). Mais aussi, comme chez les autres, on constate que toutes ces énergies se complètent dans le temps, ramenant le fameux problème de l’intermittence à une dimension très raisonnable.

Et pendant ce temps… (lien cliquable) les Américains, en l’occurence Elon Musk, construisent la plus grosse usine de batteries du monde, pour diviser par deux les prix : heureusement qu’il nous restera les barrières douanières antidumping pour protéger « notre industrie nationale ». Ah non ! ça marche pour les Chinois, pas pour les Américains qui sont nos chers « amis ».

Une réponse sur “Revue de presse n°39 – 2015 – semaine 2”

  1. Deux autres liens intéressants.

    L’un sur le gaspillage de terres agricoles pour la production d’agrocarburants, alors que le photovoltaïque sur des parkings et des toitures peut alimenter tout le parc de véhicules, après passage à l’électrique, sans utiliser la moindre terre agricole (en dehors des terrains pollués ou sans valeur agricole).

    http://energeia.voila.net/transport/agrocarburant_pv.htm

    L’autre sur la production d’électricité renouvelable en France.

    http://energeia.voila.net/renouv/electricite_renouvelable_france.htm

    Des statistiques mensuelles et hebdomadaires.

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