Revue de presse n°58 – 2015 – semaine 21

Ça bouge dans le Landerneau français et mondial des énergies pas vraiment renouvelables. Mais pas grand chose à en attendre, au contraire. Plus que jamais, c’est le travail de chacun à son niveau territorial qui comptera.

Les habitants de la ville de Denton, au Texas ne vont pas couper aux gaz de schiste et à la fracturation hydraulique. (lien cliquable) En novembre dernier, les citoyens de cette ville de 120 000 habitants avaient voté contre l’autorisation de la fracturation hydraulique sur le territoire de leur cité. Le président de l’état, Greg Abbott, homonyme du ravageur premier ministre australien, ne l’a pas entendu de cette oreille et il a fait voter une loi d’état interdisant aux villes et cités de s’opposer à l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Comment se pourrait-il que de simples citoyens, dans de simples cités, s’opposent aux intérêts supérieurs de la nation (et des gros investisseurs du secteur pétrolier qui lui payent sa campagne) ! Son exemple va être suivi par son collègue de l’Oklahoma, et, comme je le répète depuis longtemps, nous avons du souci à nous faire en France, quand on lit les interventions de certains députés lors du débat sur la loi TECV, la semaine dernière.

Un scoop du Figaro : Les énergies renouvelables ont détruit des emplois en Europe. (lien cliquable) A force de ne pas investir au bon niveau pour produire des panneaux photovoltaïques et des batteries à des prix compétitifs, et, chez nous notamment, de freiner des quatre fers pour en installer le moins possible, il n’est pas étonnant que des emplois disparaissent et que, en plus d’importer du pétrole, nous importions aussi maintenant les équipements permettant l’exploitation des énergies renouvelables. C’est pour la croissance verte… chez les autres !

Suite à toute une polémique larvée, (lien cliquable) qui a vu des experts nucléocrates et d’anciens directeurs de centrales nucléaires s’en prendre à l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) en l’accusant ni plus ni moins que de saboter la filière EPR, Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN a de nouveau clairement indiqué que les défauts détectés sur la cuve et le couvercle fournis par Areva à Flamanville étaient suffisamment graves pour justifier plusieurs mois d’expertise. Comme quoi, il n’en manque pas, aujourd’hui comme hier, pour prôner les impasses majeures, toujours au nom des intérêts supérieurs de la nation (et de leur fromage à eux). Après eux, le déluge !

Heureusement, le savoir-faire français est reconnu sur ITER et rassure les Américains. (lien cliquable) Ils commençaient en effet à s’inquiéter de voir ce projet de réacteur thermonucléaire expérimental, né lors d’un sommet américano-soviétique en 1985 et démarré sur le terrain, à Cadarache en France, vingt ans plus tard, partir à la dérive : après dix ans, le budget est déjà multiplié par trois (à 15 milliards d’Euros) et le délai a pris une rallonge de quatre à cinq ans, repoussant son issue vers 2025… pour le moment. Question de mauvais management ont estimé les pilotes multinationaux de cette affaire. Et ils ont eu l’idée de faire appel à un spécialiste français de ce type de situation, quelqu’un que son âge contraignait « statutairement » à abandonner son poste : Bernard Bigot, qui quittait son poste de haut commissaire à l’énergie atomique et administrateur général du CEA, à 65 ans, après onze ans de service. Juste le temps où s’est bâti le désastre d’Areva et celui des EPR (Flamanville : budget multiplié par trois, délai coulé de six ans (plus que doublé). Le CEA est actionnaire à 54,7% d’Areva, et Bernard Bigot en a été administrateur pendant des années. C’est donc véritablement à un spécialiste, dépositaire d’un véritable savoir-faire français que le consortium a fait appel en mars. En tout cas pour la première partie du projet, celle où les coûts et les délais explosent. Malheureusement, on ne connaît pas la fin du film, et nous allons la découvrir ensemble. Mais les Américains sont rassurés par cette tête d’œuf « à la française », dûment médaillée et propre dessus. C’est certainement beaucoup mieux que le Japonais auquel il succède, venant d’un pays qui n’est pas capable de faire traîner les projets suffisamment pour éviter que ça « pête », enfin, un pays qui n’a vraiment pas fait ses preuves.

L’ingratitude du système est sans limite. (lien cliquable) ETD est une association née d’organismes institutionnels, qui depuis vingt ans se dévoue au service des territoires pour leur faire passer, par formation, information, études, conseil, la pilule des multiples dispositifs concoctés par les service de l’état pour « harmoniser » les démarches de développement local : SCOT, PCET, Agenda 21, PLUI, j’en passe et des meilleures. En fait, une brave courroie de transmission de l’état, bien fidèle et convaincue. Malheureusement, ses moyens venaient principalement d’une très grosse subvention de la Caisse des dépôts et consignations et du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET, l’ex DATAR, un temps DIACT, en mieux, bien sûr, sinon pourquoi changer de nom ? – Andouille, c’est pour la croissance verte, avec tous les logos et papiers à changer, en voilà du travail !), représentant 70% de son budget. Question de restrictions budgétaires ou vengeance sournoise vis à vis d’une association pourtant bien accointancée ? Finie la subvention, finis l’association et les quarante collaborateurs : est-ce la (dé)croissance verte ? A moins que le message de son président ne soit une bouteille à la mer destinée à provoquer un mouvement de réprobation unanime face à l’ingratitude touchant une de ces innombrables courroies de transmission pourtant bien fidèles ? A votre bon cœur…